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L’habitat participatif : kézako ?

  • Mis à jour le 09.09.2022
  • Temps de lecture : 3 min

Apparu dès le début du XXe siècle, l’habitat participatif permet à plusieurs personnes de se réunir pour penser, rénover ou faire construire un habitat commun. Ce mode de vie prône une logique écologique et communautaire, en dédiant certains lieux à la vie collective. Zoom sur ces logements alternatifs avec Philippe Mollon-Deschamps, résidant du Lavoir du Buisson Saint-Louis.

© Jacky Didiot

Construit en 1983 dans le 10e arrondissement parisien, le Lavoir du Buisson Saint-Louis résulte de la réhabilitation d’une friche industrielle. Il accueille aujourd’hui quinze familles.

Comment définissez-vous l’habitat participatif ?

Selon moi, il s’agit d’un lieu dans lequel se rassemblent des personnes pour habiter ensemble. Il faut donc qu’elles partagent les mêmes valeurs, et soient prêtes à dédier une partie du lieu à des espaces communs dans lesquels peuvent prendre place différents événements collectifs et communautaires. À titre d’exemple, au Lavoir du Buisson Saint-Louis, nous réalisons régulièrement des concerts afin de tisser et de maintenir des liens entre tous les habitants.

Ces modes de vie se développent de plus en plus pour tous les publics. Je pense par exemple aux lieux pensés pour les personnes âgées comme l’habitat participatif accompagné Béguinage Solidaire (à Rezé, près de Nantes) ou encore la communauté des Babayagas (à Montreuil, près de Paris). Au Lavoir, nous vivons une dynamique multigénérationnelle : la personne la plus âgée à 90 ans et la plus jeune 26 ans.

© Philippe Molon-Deschamps

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’habitat participatif, et plus particulièrement au Lavoir du Buisson Saint-Louis ?

J’ai toujours habité en communauté, puis en colocation, avant de décider d’acheter un logement à 30 ans. Je ne voulais pas acheter un appartement anonyme dans un immeuble, j’ai donc adhéré au MHGA (Mouvement pour l’Habitat Groupé Autogéré) qui venait de voir le jour en 1977. J’ai alors commencé à visiter des habitats en banlieue parisienne. Ils correspondaient à ma philosophie, mais je voulais habiter à Paris. Un an après, je me suis installé au Lavoir du Buisson Saint-Louis, et n’en suis jamais parti.

Comment l’espace commun est-il organisé au Lavoir ?

Nous avons décidé d’avoir le moins de règles possible pour un maximum d’ouverture. Par exemple, la salle commune n’est pas réservée aux habitants, mais est au contraire prêtée ou louée à des associations. Annuellement, nous organisons le weekend « Karcher » durant lequel nous nettoyons tous les espaces collectifs. Tout ce qui concerne l’entretien du bâtiment (charpente, toiture, etc.) et les parties communes (élagage des arbres, nettoyage des gouttières, etc.) est géré par le Conseil syndical lors de réunions ouvertes à tous les habitants. D’un point de vue juridique, le Lavoir du Buisson Saint-Louis a été constitué en société civile particulière. Puis les habitants ont décidé d’être en copropriété.

Stylo

Avis d’expert

Au Lavoir du Buisson Saint-Louis, les charges liées aux travaux et à l’entretien des lieux sont calculées par le syndic. En revanche, chaque appartement possède son chauffage individuel.

Quels sont les points de vigilance à avoir en tête avant de se lancer dans l’aventure de l’habitat participatif ?

À mon avis, il est nécessaire que le pouvoir ne soit pas aux mains d’un seul ou d’un petit groupe. De manière plus individuelle, il est important d’avoir un sens de la diplomatie, de l’engagement, être réactif et force de proposition pour le collectif. Enfin, il ne faut pas être trop pressé de rentrer dans les lieux. À titre d’exemple notre habitat a mis quatre ans à être réhabilité.
Bien entendu pour moi cela représente le meilleur mode d’habitat possible.

Ampoule

Bon à savoir !

La forme juridique de l’habitat participatif est encadrée par la loi Alur portée par Cécile Duflot en 2014.

Si vous désirez davantage d’informations sachez qu’il existe de nombreuses structures et associations qui promeuvent l’habitat participatif. N’hésitez pas à consulter des organismes nationaux comme le Mouvement National de l’Habitat Participatif ou d’autres locaux en vous rapprochant de votre commune !