DossierRéduire ses factures

Consommation d’énergie et changement d’heure : une vraie fausse bonne idée ?

  • Mis à jour le 15.11.2022
  • Temps de lecture : 2 min

C’était le point de départ de l’instauration du changement d’heure à la sortie de la crise pétrolière des années 70 : économiser de l’énergie en réduisant les temps d’éclairage. Une mesure « provisoire » … depuis 1975 ! Ainsi, deux fois par an, nous retardons ou avançons l’heure de nos appareils pour adapter le rythme de nos activités à la durée d’ensoleillement. Près de 40 ans plus tard, le bilan énergétique de ce ping-pong horaire est-il convaincant ?

« À 3 heures, il sera 2 heures, pensez à régler vos montres » : ce refrain familier s’est une nouvelle fois invité sur les ondes et à la télévision. Et nous nous sommes tous exécutés, non sans une certaine lassitude. Rendu notamment responsable de nuire au rythme biologique et de provoquer des troubles de l’attention, le changement d’heure, censé agir en faveur d’économies d’énergie, ne fait pas l’unanimité.

Quels bénéfices sur la consommation d’énergie ?

La logique paraît implacable : plus d’ensoleillement signifie moins d’éclairage artificiel et donc, un besoin réduit d’électricité. Selon l’ADEME, lorsque nous passons à l’heure d’été, cela entraîne plus de consommation d’électricité le matin, mais moins le soir. Ainsi, l’ADEME estimait en 2009 que les gains représentaient 440 GWhs (gigawatts), soit la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages1.

Ces gains ont toutefois tendance à diminuer car la technologie joue les trouble-fêtes : nos équipements évoluent et deviennent moins énergivores. Toujours selon l’ADEME, l’opération biannuelle de changement d’heure combinée à une régulation des appareils à usage thermique (chauffage et climatisation) permettraient, à l’horizon 2030, un gain de 340 GWhs. Des économies qui s’amenuisent.

Un débat toujours ouvert

Cette projection n’a pas contribué à convaincre les Français, très concernés par le sujet, et surtout, très sceptiques. Ainsi, la consultation organisée en 2018 par l’Assemblée nationale2 a recueilli plus de deux millions de réponses, un record ! Et le résultat s’est avéré sans appel : près de 84 % des sondés étaient favorables à la fin du changement d’heure saisonnier, une majorité choisissant d’opter pour l’heure d’été (59 %). L’Europe s’est également emparée de cette question : en 2019, les eurodéputés ont voté pour la suppression du changement d’heure. Dans ce contexte et compte tenu des impacts énergétiques marginaux, pourquoi maintenir cette mesure ? La question semblait tranchée mais la crise sanitaire et un avis défavorable du Conseil européen ont ajourné les débats. Depuis, le texte n’a pas été réexaminé. Sur ce sujet, le temps s’est arrêté.

1 https://presse.ademe.fr/2014/10/les-impacts-du-changement-dheure.html

2https://www2.assemblee-nationale.fr/15/autres-commissions/commission-des-affaires-europeennes/secretariat/a-la-une/2-103-999-participations-a-la-consultation-citoyenne-sur-la-fin-du-changement-d-heure