« Pourquoi ranger nous fait du bien ? »

Peut-être avez-vous déjà eu un matin au réveil ce besoin impérieux de tout ranger, de manière presque compulsive ? Et ensuite avoir ressenti un certain apaisement ? Ou peut-être avez-vous besoin d’avoir un bureau très ordonné pour travailler ? Ou, au contraire, avez-vous le rangement en horreur et adorez votre « bazar organisé ».

Quand ranger fait du bien à notre esprit...

Nous sommes tous différents face à l’ordre et au rangement, mais certaines études appuient le fait que ranger nous fait du bien. Ainsi, selon une étude réalisée par l’Institut d’études Sociovision en 2020, le rangement est associé au bien-être pour 46 % des Français. 87 % d’entre eux déclarent même se sentir beaucoup mieux après avoir rangé. La rédaction de Bien chez moi a voulu comprendre ce phénomène et a interviewé Éliette Barrier, home organizer. Entretien. 

Bien chez moi : Éliette, pouvez-vous nous décrire votre approche du métier d’home organizer ?

En 2018, je me suis envolée pour San Francisco et j’ai suivi la formation à la méthode KonMari, que j’ai eu la chance d’effectuer auprès de Marie Kondo elle-même ! Ce que l’on connaît de cette méthode en France est presque caricatural (« plier à la verticale », par exemple) mais c’est beaucoup plus vaste en réalité.

J’accompagne des familles ou des personnes seules à se réapproprier leur intérieur, à dégager du temps pour le faire et, le plus souvent, à adapter leur logement à la personne qu’elles sont aujourd’hui. A transformer leur logement en leur lieu de vie idéal.

Ces personnes sont souvent (mais pas toujours) dans une période de changement, de nouveau chapitre : elles font face à un deuil ou une séparation, mais aussi une naissance ou une nouvelle vie à deux ou en famille recomposée. Ou encore à un nouvel emploi.

Comme vous le voyez, mon métier dépasse le fait d’apprendre à plier des pulls ou des t-shirts dans un placard !

Chaque personne s’habitue à ce qui l’entoure, sans voir parfois l’accumulation. Un jour, on prend un sac et on jette. Une fois les objectifs de mode de vie définis avec mes clients, mon travail consiste à les guider à faire du tri, oui, bien sûr, mais à le faire de manière positive. J’amène les personnes à passer d’une question négative : « Qu’est-ce que je ne veux plus ? », « De quoi n’ai-je plus besoin ? » à une question positive : « De quoi ai-je envie de m’entourer ? ».
Et je vous assure qu’on ne trie pas les mêmes choses selon le fait que l’on a envie de les garder ou de s’en séparer !

Bien chez moi : Diriez-vous que le rangement s’apprend, et ce, même quand on est convaincu de savoir bien ranger ?

Il y a effectivement des personnes qui ont une appétence pour le rangement, oui, mais attention ! Ranger n’est pas trier et inversement. Avant de ranger, il faut trier !

Et trier, c’est peut-être cela le plus difficile. Cela suppose de faire des choix sur ce dont on va se séparer, donner, jeter, et c’est cela qui peut avoir des conséquences sur notre affect, notre moral… notre vie. Il faut faire du chemin parfois pour se séparer d’un objet qui nous rappelle un souvenir fort ou une époque de notre vie.

Si on ne passe pas par cette étape essentielle, on pourra posséder toutes les boîtes de rangement du monde, on finira toujours par les retrouver débordantes à un moment ou à un autre.

Je dirais donc que, oui, ranger s’apprend, car il faut intégrer que cela passe par une étape de tri. Avant de vouloir ranger, il faut tout sortir et faire des choix. Et pour ceux qui ne savent pas, ce n’est pas inné.

Au-delà de ça, derrière les gens qui veulent ranger absolument se cache souvent une manière d’atteindre un mieux-être chez eux. C’est rarement juste « l’envie » de ranger qui déclenche le rangement ! Mon travail consiste en amont à les pousser à se demander pourquoi ils le font : « Si votre logement était organisé et rangé, à quoi ressembleraient vos journées ? A quoi occuperiez-vous votre temps ? ». L’organisation et le rangement sont des moyens d’atteindre un objectif (gain de temps, d’espace, de bien-être, d’argent, etc.), pas une destination.

Bien chez moi : Pourquoi ranger nous fait du bien ? Quels mécanismes s’activent alors en nous ?

Il faut savoir que notre cerveau scanne en permanence là où nous sommes. Or, quand on est entravé par plein de choses et d’objets, c’est plus fatiguant pour la vue, pour l’esprit. Un environnement rangé et organisé est donc plus reposant pour la majorité des gens. Mais il n’est pas rare, chez les créatifs par exemple, de retrouver un bureau totalement « bordélique » sur lequel ils retrouveront tout ce qu’ils veulent et qui les aidera à créer !

Faire du ménage aussi nous permet parfois de nous changer les idées, de faire quelque chose qui déconnecte et qui ne demande pas trop de réflexion.

Enfin, ranger peut permettre de mettre les choses à plat, de repartir d’une page blanche avant de commencer une tâche, une journée…

Bien chez moi : Pourquoi certaines personnes, notamment avec le télétravail, ont besoin d’ordre pour se sentir prêt à travailler ou se sentir bien chez eux ?

En télétravail, on ne dispose pas toujours d’une pièce ou d’un bureau dédié. On s’installe sur la table de la salle à manger, sur le bureau de nos enfants, etc. Le rangement est alors un rituel utile, voire indispensable, qui permet de passer de la sphère intime (la maison) à la sphère professionnelle. Tout comme ranger ses notes et son ordinateur hors de portée de vue le soir est important aussi pour « couper » avec le travail.

Faire de l’ordre, c’est aussi se poser sur ses priorités et avoir une place pour chaque chose. Un espace rangé permet souvent d’avoir les idées claires.

Bien chez moi : Êtes-vous d’accord avec le fait que certaines personnes sont incapables de ranger ?

Non, je ne dirais pas que qu’elles sont incapables de ranger, mais qu’elles ne sont pas prêtes, qu’elles n’en ont pas envie ou pas les capacités. Il y a aussi, comme on l’a évoqué, des personnes qui ne le souhaitent pas et qui vivent très bien dans le bazar. Tout le monde n’a pas non plus le même ressenti du volume ou du désordre. Et puis, ranger, faire le tri, c’est fatiguant. Au bout d’une heure ou deux, on a besoin d’arrêter, parce qu’émotionnellement, c’est prenant aussi.

Je pense profondément que les personnes qui ne rangent pas ou ne trient pas ont des freins qui les dépassent. Il peut s’agir de l’attachement, du souvenir lié à un objet et la peur de perdre ce souvenir en se séparant de l’objet.

Cela peut aussi être la peur de l’avenir, de se demander si on pourra encore en avoir besoin. Avant, les gens ne se séparaient pas des objets, ils les recyclaient beaucoup, ils en avaient moins. Il y a aussi tous les freins, réels, qui consistent à dire « ça a coûté de l’argent », « c’est un cadeau », « ça peut encore servir, c’est en bon état ». Dans ces cas-là, je conseille à mes clients de se poser les bonnes questions : est-ce qu’aujourd’hui, cet objet joue encore un rôle important dans leur vie ? Beaucoup d’objets ont eu une place majeure dans notre vie à un moment donné. Il faut savoir reconnaître l’utilité de l’objet, et le laisser partir avec gratitude. Le recycler, le donner à une association et imaginer sa seconde vie rend aussi la séparation plus facile !

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Bien chez moi : Peut-on dire, certes de manière un peu simplifiée, que faire le tri dans ses placards équivaut à faire le tri dans sa vie/son esprit ?

Oui ! Absolument ! Faire du tri, faire de la place dans ses placards, c’est aussi faire de la place dans son esprit. On se fait du bien, on repart sur des bases neuves. Il faut le faire car trier, ranger, nous permet de dégager du temps pour soi ! La pandémie et les confinements ont renforcé cette notion du « bien chez soi », de la maison comme refuge. Les gens se sont aperçus à ce moment-là, enfermés chez eux, qu’ils redécouvraient leur intérieur et qu’ils avaient besoin de l’alléger, de le ranger, de faire le tri, pour retrouver un peu de sécurité, de recréer un cocon.

Bien chez moi : Cela fait plus de 6 ans que vous exercez, vous êtes une des pionnières en France de la méthode KonMari. Pouvez-vous nous livrer une astuce pour savoir si on est prêt à se séparer d’un objet ou d’un vêtement ?

Vous l’aurez compris, dans mon approche, les clients trient d’abord (par catégorie d’objets, puisqu’il est plus facile pour le cerveau de faire des choix pour un même type d’objets à la fois), et le rangement se fait ensuite. Pendant cette étape des choix, j’observe beaucoup. Et je peux vous dire que le corps sait ! Je vois mes clients se saisir d’un objet, je les vois sourire, leur visage s’éclaire et le souvenir, l’émotion est là. D’autres, à l’inverse, sans le savoir, soufflent ou leurs épaules s’affaissent.

Faites donc confiance à votre corps, à votre instinct et le choix s’opèrera tout seul !


Après 10 années passées en agence de communication, Éliette Barrier a choisi de suivre une formation d’home organizer selon la méthode KonMari, initiée par Marie Kondo. En 2018, elle a été la 4e en France à obtenir sa certification, et a depuis atteint le niveau Platine. Elle est également responsable communication au sein de la FFPO, la Fédération Francophone des Professionnels de l’Organisation. Éliette travaille en présentiel et à distance, et se déplace dans toute la France.

@eliettehomeorganizer

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