Qualité d’air intérieur : « La pollution intérieure est toujours plus forte qu’à l’extérieur ! »

  • Mis à jour le 22.09.2021
  • Temps de lecture : 6 min

La qualité d’air intérieur est cruciale pour votre santé. Pourtant, au quotidien, rares sont ceux qui s’en soucient véritablement… Francis Allard, Président du conseil scientifique de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, vous explique pourquoi il faut y faire attention et comment l’améliorer.

Pourquoi la qualité de l’air intérieur est-elle importante à la maison ?

Francis Allard
Francis Allard, Président du conseil scientifique de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur.

Tout simplement parce que l’air est le vecteur de nombreux éléments chimiques ou biologiques, qui peuvent être dangereux pour votre santé. Un certain nombre de produits sont cancérigènes, d’autres toxiques. D’autres encore ont des incidences sur le système endocrinien. Composés organiques volatils (COV) ou semi-volatils (COS), particules biologiques (pollens, virus, microbes, bactéries, spores et moisissures), particules solides provenant de l’érosion des matériaux (plomb, amiante), allergènes, radon*… Certains de ces composés vont se retrouver en suspension dans l’air. Or, durant toute notre vie, nous vivons près de 85 % de notre temps dans des environnements confinés, que ce soient dans les logements ou les lieux de travail et de transport. Et 60 à 70 % des matières ingérées en masse par l’organisme le sont par la respiration. Il est donc important de garantir une très bonne qualité de l’air à l’intérieur de votre maison.

Quel est donc l’état de la qualité de l’air intérieur (QAI) dans les logements des Français ?

L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur en a réalisé un état des lieux, entre octobre 2003 et décembre 2005. Plus de 560 logements ont ainsi été testés et plus de 1 600 personnes ont été interviewées**.

Premier constat : des polluants multiples sont présents dans la majorité des logements, à l’instar du formaldéhyde que l’on retrouve pratiquement partout… Deuxième constat : la pollution intérieure est toujours largement plus forte qu’à l’extérieur ! La concentration en composés organiques volatils (COV) à l’intérieur des logements est ainsi cinq à six fois supérieure à celle de l’air extérieur ! Troisième constat : une inégalité devant la pollution intérieure. Environ 10 % des logements sont multi pollués. Autrement dit, on y trouve des concentrations importantes de plusieurs polluants.

Quelles sont les sources de pollution de l’air intérieur ?

Nos logements contiennent de multiples polluants.
(© Frédéric Massard – Fotolia.com)

On va tout d’abord retrouver à l’intérieur de nos logements la plupart des polluants gazeux ou particulaires provenant de l’air ambiant extérieur (notamment les particules fines) ou des sols (radon*). Autre source de pollution : l’activité humaine. À l’instar de la cuisine, du ménage, mais aussi de l’utilisation d’encens et de bougies. Des polluants sont également liés aux matériaux, aux revêtements, à la peinture et à l’ameublement. Enfin, dernière source de pollution : l’occupation humaine. Nous dégageons tous des bio effluents qui participent joyeusement à cette pollution ! Sans oublier nos animaux domestiques.

Quelles sont les pièces où la qualité d’air intérieur est la plus mauvaise ?

Certaines pièces ont des sources de pollution spécifiques qui peuvent entraîner une dégradation de la QAI, comme la cuisine ou le salon équipé d’une cheminée à foyer ouvert. Mais en général, les mesures effectuées montrent que la chambre à coucher souffre souvent d’une QAI dégradée du fait d’une ventilation inefficace. Or, vous allez y passer pratiquement la moitié de votre vie ! Outre la présence humaine, les sources de pollution dans cette pièce proviennent majoritairement des matériaux et des revêtements. Mais nous avons l’habitude de nous isoler dans notre chambre et d’en fermer la porte durant notre sommeil. Les portes étant rarement détalonnées, l’air ne peut pas passer en-dessous. D’où des problèmes de qualité de l’air.

Quels conseils pouvez-vous donner pour obtenir une meilleure qualité d’air intérieur ?

Le premier conseil est de limiter autant que faire se peut les sources de polluants à l’intérieur des bâtiments. Commencez par éviter de fumer dans votre logement. Ensuite, soyez vigilants dans le choix de vos matériaux, revêtements et produits d’entretien. Un étiquetage permet de choisir ces différents produits en fonction de leurs émissions de polluants. Ce sera également prochainement le cas pour l’ameublement. Outre l’installation d’un système de ventilation efficace dont le rôle est d’apporter de l’air neuf et d’évacuer les polluants, aérez régulièrement votre maison quand le temps le permet. En été, laissez les fenêtres largement ouvertes, sauf si vous craignez les pollens ! En hiver, il s’agit de trouver un bon compromis avec la consommation énergétique.

Quelles sont les solutions de ventilation existantes ?

La VMC double flux permet de réaliser des économies d’énergie l’hiver.

En France, beaucoup de bâtiments d’habitation sont ventilés naturellement par des conduits, en ville notamment. La ventilation naturelle peut être très efficace si elle est bien dimensionnée.

Pour les systèmes mécaniques, la solution la plus développée en France, la VMC (ventilation mécanique contrôlée) simple flux, est une ventilation par extraction d’air. Les entrées d’air sont situées dans les pièces de vie (chambres, salon), les sorties d’air dans les pièces humides (cuisine, WC, salle de bains). Ces dispositifs d’entrée ou d’extraction d’air peuvent être asservis à l’humidité : ce sont les ventilations hygroréglables.

Autre solution : la ventilation simple flux par injection, qui va insuffler de l’air au lieu de l’extraire. Ce système va apporter de l’air plus frais dans les pièces de vie, qui va être évacué naturellement par les pièces humides. Ce dispositif qui crée une légère surpression dans le bâtiment peut être efficace pour limiter l’entrée de polluants extérieurs tels que le radon*. Il permet également la filtration de l’air injecté.

Enfin, la VMC double flux contrôle à la fois l’air que l’on va injecter dans les pièces de vie et l’air que l’on va reprendre dans les pièces humides. En général, on introduit un échangeur thermique entre l’air entrant et l’air sortant qui permet de récupérer une partie de la chaleur fatale perdue par l’air sortant du logement en période hivernale.

Toutes ces solutions se valent-elles ?

Avec une bonne VMC et un entretien régulier, votre qualité d’air intérieur s’améliorera.
(© Jipé – Fotolia.com)

Tout dépend de votre logement, de la conception et de la mise en œuvre de la stratégie de ventilation retenue. Pour que toutes ces solutions de ventilation soient efficaces, il faut qu’elles soient bien installées et bien entretenues. La VMC double flux pourrait apparaître comme la plus satisfaisante du point de vue strictement technique, mais sa mise en œuvre et sa maintenance peuvent créer de réels problèmes d’usage. En effet, si vous ne changez pas les filtres de votre VMC régulièrement, au bout de quelques mois, l’air ne passera plus ! Il faut donc être très vigilant.

Faut-il revoir la réglementation en matière de qualité d’air intérieur ?

On pourrait en effet aller un peu plus loin en la matière. Notamment en obtenant une meilleure qualité d’air intérieur à un coût énergétique moindre. Comment ? En modulant la ventilation en fonction, par exemple, de votre présence dans chacune des pièces de la maison. Cela permettrait de mieux ventiler et à meilleur escient.

Propos recueillis par Aurélie Charpentier © AdC

* Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle provenant de la désintégration du radium, lui-même issu de la désintégration de l’uranium contenu dans la croûte terrestre. Il est inodore et incolore (Source : Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie).

** échantillon représentatif du parc des logements français

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Bon à savoir :

Sujet récurrent dans l’actualité, la qualité de l’air intérieur (QAI) s’est imposée comme un thème incontournable. Dans la mesure où nous passons plus de 80 % de notre temps à l’intérieur, il est facile comprendre à quel point notre santé dépend de la qualité de l’air que nous y respirons. Force est de constater que l’air intérieur est, sauf exception, bien plus pollué que celui de l’extérieur. Une tendance qui s’est accentuée après la mise en œuvre de la réglementation thermique 2012 (RT 2012) et l’isolation quasi hermétique des bâtiments. La réglementation environnementale 2020 (RE 2020) met notamment l’accent sur la ventilation, corollaire indispensable à l’isolation pour une bonne QAI… Suivez le guide pour votre santé !

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Article mis à jour le 01/01/2019